Témoignage donné en l’église d’AUREC
Henri,
Il y a dix ans nous cheminions ensemble sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. Au cours de cette extraordinaire expérience de vie, notre équipe s’est forgée entre Le Puy et Santiago.
Lorsque sous pluie battante dans la glaise, nous ne parcourions que 2 km dans l’heure, tu nous disais à la veillée « Notre vie, on doit la bâtir à partir de la glaise, à l’instar de celle que nous foulons aux pieds ».
Nous échangions avec les pèlerins des cinq continents. Beaucoup, deux ou trois jours devant nous ou en arrière, se renseignaient pour savoir où étaient les quatre mousquetaires. Certains ajustaient leur marche pour pouvoir assister à l’une de tes célébrations. Célébrations, souvent concélébrées, dans l’église des villages-étapes ou simplement homélies sur la place du village lorsque nous ne trouvions pas la clef de l’église.
Exceptionnel pasteur, tu prononçais tes homélies au pied levé, sans notes, homélies toujours d’une rare qualité, synthétiques, à la portée de tous, donnant des pistes toujours accessibles pour la mise en application des textes du jour. Chaque fois, tu nous indiquais en quoi l’Évangile lu était une page du mode d’emploi pour vivre notre humanité avec pour code de la route les Béatitudes. En Espagne, c’est Jacques qui dans les églises ou couvents était ton interprète.
Plus spécialement pour nous trois, après les premières heures de marche, très régulièrement tu nous donnais une leçon de catéchisme, limitée dans le temps. Leçons suivies ou précédées de controverses toujours amicales. En contre point, lors des pauses, grand érudit et passionné de Baudelaire, tu récitais ses poèmes.
Nous étions rompus à la rusticité du chemin. Un soir, tu fus le mieux traité : nous t’avions réservé le couvercle du faitout comme assiette ! A ton exemple de bon vivant, lors des repas nous accommodions cette rusticité en n’abusant pas de l’eau. Tu savais aussi lever nos inquiétudes, lorsque la matinée avançant nous ne trouvions point de ravitaillement, ta réponse était immuable : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent point dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit ». Puis, immanquablement nous trouvions une épicerie.
Il y a maintenant déjà un mois, bienveillant et lucide, pour que nous puissions fêter joyeusement le dixième anniversaire de notre amitié, tu avais pertinemment fait repousser la date de ton opération.
Henri, nous te remercions pour tout ce que nous avons partagé, toi porteur d’espérance et de sérénité. Nous conserverons de toi un indéfectible souvenir. Tu nous avais dit qu’il n’y avait pas urgence à précipiter le retour vers le Père, aussi aujourd’hui, nous te laissons cheminer à ses côtés jusqu’au jour où nous vous rejoindrons.
Bon chemin, Henri.
Tes amis du Chemin de Saint Jacques
Aurec-sur-Loire, église Saint-Pierre, mercredi 25 octobre 2017
Témoignage donné en l’église de TENCE
Henri,
Prêtre, un homme que nous aimerions rencontrer chaque jour.
Il y a dix ans nous cheminions ensemble sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. Au cours de cette extraordinaire expérience de vie, notre équipe s’est forgée entre Le Puy et Santiago.
Nous échangions avec les pèlerins de tous les continents. Pour pouvoir assister à l’une de tes célébrations, beaucoup se renseignaient pour savoir où étaient les quatre mousquetaires. Exceptionnel pasteur, tu prononçais, au pied levé, des homélies toujours d’une rare qualité, synthétiques, donnant des pistes à la portée de tous pour la mise en œuvre des textes lus.
Plus spécialement pour nous trois, après les premières heures de marche, très régulièrement tu nous donnais une leçon de catéchisme, limitée dans le temps. En contre point, lors des pauses, grand érudit et passionné de Baudelaire, tu récitais ses poèmes.
Depuis nous entretenions une correspondance abondante, les vœux de Noël, des controverses toujours amicales, des cours de catéchisme de rattrapage. Pour l’un d’eux que tu avais nommé « Réponse du « PAP Henri de Mars d’Aurec’ (!) au cher Père Maréchal » », après un développement de cinq pages tu m’écris : « Ce coup là, cher Père, j’en ai marre ! Dieu me pardonne, mais j’en ai assez ‘de te l’expliquer’ ! Et puis je ne suis pas chargé de le défendre : il est assez puissant pour se défendre tout seul… Fin de leçon. Ouf ! »
L’an dernier, lors de nos retrouvailles annuelles, proches de l’anniversaire de tes 80 ans, pour cadeau, nous t’avons fait célébrer, comme le montrait la photo du livret d’Aurec, en la magnifique église de Saint-Hugues-de-Chartreuse. Tu y donnas une homélie enjouée, à la lumière des peintures modernes des scènes de l’Évangile réalisées par Arcabas, magnifique clin d’œil à ta liberté d’esprit alliée à ta foi inébranlable.
Il y a maintenant déjà un mois, bienveillant et lucide, afin que nous puissions fêter joyeusement le dixième anniversaire de notre amitié, tu avais pertinemment fait repousser la date de ton opération. Cela nous a permis de marcher ensemble, tu fis une rude ascension au château de Murol, avec joie tu célébras en montagne dans la chapelle de Vassivière, et nous passâmes de longs moments dans les églises de Saint Nectaire et Issoire où tu fus captivé par les chapiteaux richement historiés.
Henri, nous te remercions pour tout ce que nous avons partagé, toi porteur d’espérance et de sérénité. Nous conserverons de toi un indéfectible souvenir. Tu nous avais dit qu’il n’y avait pas urgence à précipiter le retour vers le Père, aussi aujourd’hui, nous te laissons cheminer à ses côtés jusqu’au jour où nous vous rejoindrons.
Bon chemin, Henri.
Tes amis du Chemin de Saint Jacques
Tence, église Notre-Dame, samedi 28 octobre 2017